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Le mot de gravure désigne l'ensemble des techniques artistiques, artisanales ou industrielles qui utilisent l’incision ou le creusement d'une matrice pour produire une image, un texte ou toute autre inscription dans la matière.
Le principe consiste à inciser ou à creuser à l'aide d'un outil ou d'un mordant une matrice. Après encrage, celle-ci est imprimée sur du papier ou sur un autre support. L'œuvre finale ainsi obtenue s'appelle une estampe.
On confond souvent « gravure », « estampe » et « tirage »
Le terme « estampe » est utilisé pour désigner l'œuvre résultant d'un procédé de gravure. Le tirage papier est généralement multiple.
Le terme « illustration » est utilisé quand la gravure est utilisée pour mettre en valeur un texte (remarque : le tirage peut parfois utiliser un procédé d'imprimerie et le nombre d'exemplaires est alors important).
La lithographie (du grec lithos, « pierre » et graphein, « écrire ») ou la sérigraphie (estampes par écrans de soie) ne devraient strictement pas être considérées comme techniques de gravure mais plutôt comme d’autres moyens de reproduire en multiple de dessins.
La première technique identifiée est la xylographie (du grec xylo, « bois » et graphein, « écrire »), apparue en Chine au viie siècle. Parallèlement à l'invention de l'imprimerie en Europe, ces techniques connaîtront un développement considérable à partir de la Renaissance.
Une estampe originale est une image multipliable à l’identique à partir d’une matrice, tel qu’une planche de bois ou une plaque de métal gravée, qui, encrée, transfère, lors de son passage sous une presse, sa charge d’encre sur une feuille de papier ou tout autre support offrant la même souplesse.
La matrice est travaillée à la main et la qualité de l’impression est le résultat de l’exigence de l’artiste ou du graveur.
Une gravure originale est une épreuve obtenue à partir d’une matrice originale.
Sur l’estampe
del.: du latin delineavit, indique le nom du dessinateur.
lith.: indique le nom du lithographe.
pinx.: du latin pinxit, indique le nom du peintre ou du dessinateur.
sc., sculp.: du latin sculpsit, indique le nom du graveur.
fe.: du latin fecit, indique le nom de celui qui a fait le dessin ou la gravure.
inv.: du latin invenit, celui qui a inventé
ex.: du latin excudit, celui qui a éxécuté
Dans l’usage, le nom de l´artiste se trouve en bas à gauche sous l’image,
celui du graveur à droite.
cpr. ou apr.: du latin cum privilegio regis (avec privilège du roi)
État : Epreuve d'une estampe à différents stades du travail du graveur.
Rousseurs : taches brunes ou rousses qui affectent le papier,
causées par l´humidité ou l´acidité.
Tirage : nombre d’épreuves obtenues à partir d´une matrice identique.
Signature : nom de l’artiste apposé à la main en général au crayon dans la marge.
Pratique qui apparaît à la fin du XIXe siècle et devient courante au XXe siècle.
Le bois
Gravure en relief ou en taille d’épargne, bois de fil, bois de bout, gravure en camaïeu, gravure à la manière japonaise, gravure sur bois en couleurs, gravure sur linoléum.On dit gravure sur bois ou plus simplement bois. Une planche est creusée partout où l’impression ne doit pas avoir d’effet. Le dessin seul est conservé au niveau de la surface de la planche, il est épargné.
On regroupe sous cette technique d’autres gravures en relief sur des matériaux plastiques, le lino.Gravure à la manière japonaise : le bois, cerisier ou poirier, est poli sur ses deux faces, qui serviront toutes deux. L’artiste dessine non à la plume, mais au pinceau. Pour chacune des couleurs, il faut un bois, sur lequel seront « réservées » les reliefs correspondant à cette couleur. Une fois toutes les planches gravées, on procède au tirage définitif, le repérage étant facilité par la présence, à l’un des angles et sur le bord supérieur de chaque planche, d’encoches gravées en même temps qu’elle et contre lesquelles vient buter la feuille de papier.Gravure sur linoléum : procédé très moderne de gravure en relief. La plaque de linoléum, ou simplement lino, se travaille avec une plume métallique ou une gouge. On imprime avec la presse à bois, ou manuellement « à la cuiller » ou au frotton.
La taille-douce
Burin, pointe sèche, eau-forte, aquatinte, procédé en sucre, manière noire, vernis mou, gravure sur métal en relief.
Ce terme désigne l’ensemble des procédés de gravure en creux sur métal, quand c’est le dessin qui est gravé. Lors de l’impression, du passage sous la presse, le papier humidifié va chercher l’encre dans les creux de la planche. Sur l’épreuve apparaît une cuvette, empreinte due à l’épaisseur de la planche de métal et qui en marque les bords.Burin : une planche de métal, généralement du cuivre, est attaquée à l’aide du burin, tige d’acier de section carré ou losangée, affûtée en biais et montée sur un pommeau de bois. Le graveur incise le métal, traçant un sillon dont les bords sont ensuite ébardés. Le trait obtenu est aigu au tirage.Pointe sèche : le graveur attaque la planche de métal avec une pointe fine tenue comme un crayon. Le sillon tracé laisse alors de fines barbes de métal qui vont accrocher l’encre donnant à ce procédé un trait plus velouté. Le nombre d’exemplaires est plus restreint du fait de la finesse des sillons qui s’écrasent à chaque passage sous la presse.Eau-forte : la plaque de cuivre est recouverte d’un vernis sur lequel le graveur dessine à la pointe le motif, mettant ainsi à nu la plaque qui est alors mordue à l’eau-forte, acide nitrique par exemple. Ce procédé donne plus de souplesse au trait car la pointe glisse sur le vernis. Le creux obtenu est en fonction de la durée de la morsure.Aquatinte : souvent associée à l’eau-forte. Le graveur dispose sur la plaque des grains de résine plus ou moins gros, puis la chauffe afin que les grains durcissent et adhèrent au métal. La plaque est ensuite plongée dans un bain d’acide qui ne mord qu’entre les grains et creusant un ensemble de légers petits trous en surface vont permettre au graveur d’obtenir un effet de teinte.Manière noire : la planche de cuivre est criblée de petits trous à l’aide d’un berceau – lame striée et montée sur une poignée. Le graveur promène ou « berce » toute la surface de la planche jusqu’à obtenir une surface uniformément noire. Avec un grattoir et un brunissoir, il travaille de nouveau la plaque pour retrouver les blancs et les demi-teintes de son dessin. Ce procédé a particulièrement été utilisé en Angleterre et en Allemagne au XVIIIe siècle.Vernis mou : la plaque de cuivre est recouverte d’un vernis souple et d’un papier granité sur lequel le graveur dessine son motif au crayon. Le vernis adhérant à l’endroit du trait, le graveur fait alors mordre à l’eau-forte le cuivre mis à nu.
La lithographie
La lithographie a été inventée en Allemagne en 1796 par Aloys Senefelder.La première imprimerie lithographique installée à Paris date de 1815. L’artiste dessine à l’aide d’un crayon gras ou d’encre grasse, sur une pierre calcaire préalablement préparée. Il n’y a donc aucune intervention en creux ou en relief. Il humecte la pierre, passe un rouleau chargé d’encre grasse sur toute la surface, mais l’eau refusant les graisses, l’encre ne se dépose qu’aux endroits dessinés. Une feuille de papier est posée sur la pierre et le tout est passé sous la presse.Lithographie en couleurs : ce procédé nécessite une planche par couleur. La feuille de papier, repérée à l’aide de trous d’aiguille correspondent à des trous identiquement percés sur les différentes planches, passera successivement sur chacune d’elle.
Les techniques diverses
Monotype : ce procédé de taille-douce est un travail de peintre qui permet de peindre directement sur n’importe quel type de plaque avec un pinceau et des encres d’imprimerie. On imprime soit à la presse soit à la main un seul exemplaire.
Pochoir : ce terme désigne le découpage -dans du papier ou du carton- qui fait apparaître dans un vide l’espace du dessin à colorier. Ce procédé permet un coloriage rapide d’une série d’épreuves et peut-être associée à l’eau-forte, par exemple.
Sérigraphie : elle dérive de l’ancien procédé du pochoir. On se sert d’un tissu très fin (soie ou tissu synthétique dégraissé) tendu sur un cadre de bois ou de métal avec lequel il forme un écran. Le tissu est au préalable obturé, et l’encre est pressée pour traverser le tissu, reproduisant ainsi le dessin découpé.
Vergé (papier): papier laissant apercevoir par transparence les empreintes des fils métalliques appelés vergeurs et pontuseaux, formant le fond du moule dans lequel il a été fabriqué. La même texture est donnée à des papiers mécaniques qui portent le nom de vergé. Attesté et utilisé depuis le 13e siècle en Italie. (trad. angl.: Laid paper)Vélin: se présente comme un parchemin de belle qualité. Il provient du veau ou de la chèvre. (trad. angl.: Vellum)Vélin (papier): papier sans grain, lisse et satiné, qui rappelle par sa très grande finesse la peau de vélin. Se dit aussi en général de tout papier qui n'est pas vergé. Inventé et mis au point par John Baskerville en 1750 en Angleterre, il faut attendre 1780 pour que les frères Didot, François-Ambroise (Didot l’aîné, 1730-1804) et son frère Pierre-François (Didot le jeune, 1732-1795) impriment sur du papier vélin.(trad. angl. : Wove paper)Japon (papier): sorte de papier de couleur ivoire, satiné, nacré, à la fois transparent et épais.Chine: papier très fin de teinte légèrement grisatre fabriqué à partir d'herbes et de plantes fibreuses telles que le chanvre, le jute, le fin, la ramée (herbe chinoise), le rotin, le bambou, le roseau, les tiges de riz et du blé et les fibres de graines telles que le coton. La fabrication du papier en Chine remonterait à l'an 105 de notre ère. On parle de Chine appliqué lorsque la feuille est contrecollée sur un autre papier, en général un vélin fort, dans le cas contraire, on parle de Chine volant.Filigrane: Marque ou dessin imprimé dans la pâte du papier qui peut se voir en transparence permettant d'identifier le nom du fabricant voire la date de fabrication du papier. (trad. angl. Watermark)